Architecte engagée, Manuelle Gautrand développe une approche très personnelle, et confère énormément d’attention à l’humain.
Elle défend le “réenchantement” dans l'architecture et les usages en créant du lien dans des contextes urbains souvent fragmentés ou normés.
Ses projets sont reconnaissables par leur forte identité, parfois presque sculpturale, mais toujours articulée à une lecture sensible du lieu, de la lumière et des besoins des usagers.
Ce positionnement explique certains choix esthétiques affirmés, mais aussi une volonté d’équilibrer audace architecturale et responsabilité environnementale.
Elle ne conçoit pas l’architecture comme un pur geste formel, mais comme un acte de transformation du quotidien, dans une époque où l’architecte est de plus en plus appelé à articuler expression, fonctionnalité et sobriété. Elle exprime une forme de méfiance vis-à-vis de la standardisation excessive, qu’elle voit comme un appauvrissement des formes, des usages, et parfois des imaginaires.
Voici les questions qu'on lui posera au Concentrique :
> Vous avez plusieurs fois évoqué l'importance de « réenchanter la ville ». Qu'est-ce que cela signifie concrètement dans votre pratique ?
> La lumière naturelle semble jouer un rôle central dans vos projets. À une époque où la technologie simule tout, pourquoi cette lumière « réelle » est-elle encore si essentielle ?
> Dans vos projets, vous accordez une place centrale à l'expérience des usagers. Comment intégrez-vous leurs besoins et perceptions et surtout, avec quels outils ?
> Votre agence a réalisé des projets à l'international, notamment en Australie et aux Pays-Bas. Comment abordez-vous la notion de durabilité, déjà si mouvante d’un projet à l’autre, lorsqu’il s’agit de variations géographiques, climatiques et culturelles ?
> Vous parlez de la place de la femme dans le monde de l'architecture. Mais comment les hommes de votre bureau arrivent-ils à concilier vie privée et vie professionnelle ? ☺️
> De nombreux projets aujourd’hui visent à obtenir des labels comme BREEAM ou LEED. Quel est votre regard sur la certification de manière générale ?
> Dans vos projets, comment conciliez-vous innovation technologique et durabilité environnementale ?
> La rénovation des Galeries Lafayette à Annecy a transformé un bâtiment des années 1970. Quels seraient les critères qui vous poussent à garder ou ne pas garder des structures existantes dans un projet ?
> Quels enseignements avez-vous tirés des projets où des logiques modulaires ou adaptatives ont été mises en œuvre ? Y a-t-il eu des limites inattendues, ou au contraire, des libertés nouvelles ?
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Manuelle Gautrand obtient en 1985 son diplôme d'Architecte DPLG à l'École nationale supérieure d'architecture de Montpellier. Elle travaille ensuite pendant plusieurs années auprès de différentes agences d’architecture, à Paris.
En 1991, elle crée sa propre agence d’architecture. Manuelle Gautrand Architecture, à Lyon, puis à Paris en 1994.
Manuelle Gautrand dispense des cours à l'École spéciale d'architecture de Paris (1999-2000), à l'École nationale supérieure d'architecture Paris-Val-de-Seine (2000-2003), à la Technische Universität de Vienne en Autriche (2009) et à l'École d'architecture de l'Université de Floride aux États-Unis (2010).
En 2007, elle se fait connaitre en dessinant la façade du « Citroën C42 » sur les Champs-Élysées à Paris. La maquette présentée au concours associée à cette réalisation est conservée par la Cité de l'architecture et du patrimoine.
Avec son agence, elle conçoit également et pilote la réalisation de l'extension du Musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq (2009), et la restructuration de la Gaïté-Lyrique à Paris (2010).
En 2017, elle devient la première femme lauréate du prix européen pour l'architecture.
Avec 32 expositions à son actif, autant de réalisations architecturales, 11 ouvrages et 3 réalisations, elle est une des figures les plus emblématiques de l'architecture française à l'international.